Ah ! Le fleuve, ce fleuve ! Extrait de « Polygamiques » de Nathasha Pemba
« Saphira le sait. Elle sait depuis toujours que l’argent que lui ramène son fils Ismaël c’est de l’argent gagné de manière pas très noble. Elle préfère ne pas appeler cela de l’argent sale. Non ! Elle déteste cet adjectif. Comment un argent peut-il être sale, surtout lorsqu’il est gagné à la sueur de notre front ? L’argent est toujours nécessaire à la vie. Même s’il ne fait pas entièrement le bonheur, comme on dit, l’argent est nécessaire. Mais Saphira n’a pas d’autres choix que celui de se taire à jamais et de fermer les yeux sur l’activité lucrative de son fils.
« Mourir ou se taire à jamais », ne cesse-t-elle de se répéter tous les jours.
Le cœur d’une maman est comme un fleuve d’amour, de bonté, de patience et de don d’elle-même. Comme le fleuve coule, le cœur d’une mère laisse passer des émotions, de la tendresse, quelques fois même de la souffrance aussi. Il perçoit. Il sent. Il ressent. Il s’incline. Il se verse. Et il verse. Une maman est toujours là. Comme le fleuve n’arrête jamais de couler, le cœur d’une mère n’arrête jamais d’aimer. Qui mieux qu’une maman connaît bien ses enfants et sait respecter leurs choix dans la joie comme dans la douleur, en sachant que lorsque rien ne marchera, elle ouvrira toujours ses bras pour accueillir cet enfant qui est une partie d’elle-même ? Si elle a accepté de le porter durant neuf mois de grossesse, ce n’est certainement pas pour le rejeter un jour ?
Au gré des torrents et même des vagues légères qu’on regarde. Qu’on peut aussi quelques fois observer dans l’imaginaire, toujours à la manière de ce fleuve d’amour, le cœur de Saphira reste là…en confluent, au lieu où se rencontrent ses émotions, sa tendresse, son amour, sa générosité, sa douceur, sa patience…sa colère ! Le confluent de toute existence. »
Voilà qui va sans aucun doute plaire à Aimé Éyengué, le chantre de la Fleuvitude !
LLK
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