Qui vient de loin (Ewur'osiga). Le Blog d'Alfoncine N. Bouya

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Kotto-Essomè, 25 ans déjà!

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La force forte de toutes forces. Ceux qui partent, restent éternellement jeunes; ceux qui restent, vieillissent inéluctablement.

 

« L’Afrique ouvre encore à une connaissance intégrale. Celle qui puise conjointement aux trois sources du savoir : la perception sensible qui enregistre, égrène les données immédiates de l’empiricité, l’intelligence analytique qui, consubstantielle au Logos les décompose pour les recomposer selon n’importe quelle loi, la compréhension transrationnelle qui élargit le champ du Logos à des objets autres qu’empiriques.

 

Et le contenu alors atteint, vécu, décomposé, assumé à tous les paliers est, ne saurait être que la Force, l’énergie, la puissance. Elle se définit par son Omniprésence.

Elle se manifeste d’abord avec des fonctions aussi diverses que les éléments minéraux qui en constituent les émanations. Dans les rites initiatiques des Zulu en Afrique australe, l’aragonite suggère un pouvoir de décomposition qui s’associe à sa nature chimique de carbonate de calcium. Chez les Lunda du Katanga, la chrysocolle représente une force de transmutation qui précise sa réalité de silicate de cuivre. Chez les Khoïsan d’Afrique australe et les Lonkundo de la Cuvette du Congo, la malachite catalyse certaines recompositions histologiques, révélant ainsi un pouvoir qui prolonge sa teneur de carbonate de cuivre hydraté.

 

La connaissance des plantes trahit davantage le caractère cosmique de la Force. Leur efficience thérapeutique procède à la fois des propriétés décrites par la biochimie et des vertus pudiquement qualifiées de « naturelles » (entendez : qui échappent à une analyse mécaniste), à telle enseigne qu’aujourd’hui, en Afrique, les hôpitaux coopèrent officiellement avec les guérisseurs naguère discrédités.

 

Mais la gradation de la Force se poursuit avec l’espèce humaine chez laquelle la puissance de la conscience s’enveloppe dans la signification du regard. L’expression « mauvais œil », répandue dans toute l’Afrique, révèle la somme des projections malveillantes – ou bienveillantes dans l’hypothèse d’un « bon œil »- que peut condenser la fixation insistante d’un regard. L’énergie conscientielle se déchaîne aussi dans le geste : ce n’est pas seulement la politesse qui interdit de désigner autrui du doigt. Le pouvoir du nom s’investit davantage dans le nom. Celui du sujet africain est, en général soustrait à la curiosité profane, remplacé dans les usages courants par un autre, moins significatif de l’identité individuelle ; ce qui atteste la nature iconographique et non point arbitraire du rapport entre une désignation et la personne désignée. »

 

Kotto-Essomè dans « Analytique de la pensée africaine. » 

 

En ce jour du souvenir, ceux qui l’ont connu se souviennent!

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21/05/2016
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