Konesans Vodou / Connaissance Vodou
Hier, au cours de mes pérégrinations littéraires, je suis tombée sur un livre qui vient de paraître et qui est intitulé " Konesans Vodou. Vision du monde". Malheureusement, aucune maison d'édition n'est mentionnée. Il y a seulement, indiqué à la dernière page: "mise en page Lys Ambroise, Promundia Haïti; Impression EXL Consulting Group". Intriguant et fascinant! J'ai alors décidé d'en reproduire quelques extraits, à commencer par la préface de notre renommée soeur Marie Laurence Jocelyn Lassègue, ancienne ministre de la Culture et de la Promotion de la Femme, qui a grandi au Congo et parle le lingala mieux que nombre de frères et soeurs congolais. Et voici:
" En Afrique, Haïti est considéré comme la diaspora du Bénin, terre d'origine de quatre-vingt pour cent de notre population. Elle est aussi appelée la fille aînée du Dahomey, pays du Vodoun. Je me suis souvent demandée pourquoi le Brésil, Cuba ou d'autres pays de la Caraïbe accordent une place prépondérante au Vodou, l'introduisant dans leur quotidien, alors que nous, en Haïti, l'avons systématiquement occulté, enfoui au plus profond de nous-mêmes."
Marie Laurence, affectueusement appelée Mâ Lolo par ses proches.
A la question c'est quoi le Vodou, Mme Euvonie George Auguste, prêtresse vodou (mambo) répond: " C'est l'harmonie que nous développons entre nous-mêmes et tout ce qui a été créé: notre relation à Dieu, notre relation au cosmos, avec la nature...et tout ce qui existe. Le Vodou est un mode de vie et englobe tout cela."
Max Gesner Beauvoir, chef suprême du Vodou en Haïti (Ati national), (un ami personnel à moi), bio-chimiste qui a "tout laissé tomber" pour se consacrer au Vodou après avoir été choisi par son grand-père pour prendre sa succession comme Hougan (prêtre vodou) déclare: " Il y a une chose qui s'appelle "la dignité". Oh oui: Dignité! Cette dignité est une partie de vous-même. C'est une force spirituelle qui est en vous. Vous ne devez jamais la perdre. C'est cette dignité qui va vous montrer comment gagner votre respect. Il en est ainsi. Ceci est symbolisé par un Lwa (esprit) appelé Kouzin Zaka. C'est lui qui dit que quand vous avez la vie et la santé, la prochaine chose qu'il faut c'est un travail. Travailler? C'est l'un des enseignements de Dieu... Il n'y a pas de vie sans mort. Le jour de naissance nous entamons déjà le chemin vers la mort...Ces différents Lwa célèbrent les cérémonies pour les âmes dans la région appelée "sous les eaux"...C'est au cours de la cérémonie que les Lwa effacent notre mémoire récente: l'on oublie son père, sa mère...Mais l'on garde l'essence de son être ainsi que tous les événements importants de sa vie. Ces informations sont mises dans un sac qu'on porte sur le dos.
Le djakout, sac utilisé dans le vodou.
Les moments importants de nos 16 vies sont tous déposés dans ce même sac qui constitue ce que nous appelons l'inconscient. C'est donc toute l'expérience d'une personne, toute la sagesse qu'elle a accumulée qui se trouve dans ce sac. La somme de ces connaissances aident Dieu à entretenir la vie dans tout l'univers. mais pas seulement dans la nôtre, qui est tout petit... Mais plutôt dans ce qu'on appelle le Multivers qui regroupe de nombreux univers. Voilà la vision Vodou du monde."
Max G. Beauvoir, chef suprême du Vodou, Atin national. Photo: Le matin Haïti.
Beaucoup d'autres hougans s'expriment dans ce livre. Ce sont: Erol Josué, directeur général du Bureau National d'Ethnologie, Rachel Beauvoir Dominique, mambo, anthropologue chercheuse et écrivaine (fille de l'Ati Max Beauvoir), Eddy Lubin ex-Ministre de la Culture, chercheur dans le domaine du Patrimoine Culturel Haïtien, Jacques Casseus, hougan, Dorsainvil Estimé, serviteur à Lakou Badjo, Jessie Chancy Manigat, sociologue féministe, Ginette Pérodin Mathurin, ingénieur civil, chercheur, Fernand Bien-Aimé, serviteur au Lakou Souvenance Mystique, Peterson Dejeanson, empereur Bizango, hougan.
Le livre est beau avec de belles images. Il aide à avoir une idée de ce qu'est le Vodou en Haïti, et pousse le lecteur à aller plus loin dans son désir de découverte. Notamment après avoir lu cette déclaration du Hougan Eddy Lubin: " A Soukri, j'ai trouvé des dimensions spirituelles qui très intéresantes, pas exactement pareilles à celles de Souvenance. Par exemple, la façon dont ils traitent les énergies n'est pas la même. Ils ont une façon de condenser l'énergie... Ils utilisent l'énergie des plantes, ils jettent des sorts...je trouve ces rituels, qui nous viennent du Congo, compliqués..." Huummm! Faudra demander à l'ethnologue et hougan congolais M. Dienguélé Matswa, qui vit en Haïti depuis des lustres ce qu'il en pense!
Bien à vous.
LLK
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