Morceaux choisis
Metronomy de Charlie L
Charlie L est une de ces belles âmes que le destin place sur notre chemin! Merveilleuse rencontre que la nôtre, la mienne avec cette jeune autrice rencontrée par la magie du Net.
Présentation du livre Metronomy de Charlie: Quand la vie ne vous fait aucun cadeau, il est difficile de croire à cette main que l'on vous tend.
Sa passion pour la musique et plus particulièrement son violon attire l'attention d'un agent.
Lorsqu'il propose à Rebecka un contrat des plus surprenants, elle y voit l'occasion de sortir enfin la tête de l'eau.
Elle intègre le groupe des From North to South, alors que certains de ses membres n'y voient aucun intérêt.
Difficile dans ce contexte de se faire une place pour mener à bien sa mission.
Entre amitiés, manigances et faux semblants, Rebecka réussira-t-elle à propulser les garçons sous les feux des projecteurs?
Arrivera-t-elle à faire face dans ce nouveau milieu dont elle ne connaît pas les codes?
Morceau choisi: La première chose à laquelle je pense ce matin, c'est à ma galère d'hier. Je ne veux plus jamais revivre un tel épisode. Mon premier arrêt en arrivant sera pour le bureau de Georges. Je n'osais pas lui demander une avance sur salaire, mais là, c'est vital. Ne pouvant plus passer autant de temps dans le métro qu'avant pour gagner de quoi payer mon loyer, je suis bien obligée de demander de l'aide.
En arrivant chez VMI, je me dirige donc vers l'antre du manager. Il est déjà là, à l'inverse des garçons qui ne vont débarquer que dans une demi-heure.
- Bonjours Georges, dis-je en passant la porte. J'aurais besoin d'un service.
- Rebecka! me salue-t-il à son tour. Bien sûr, en quoi puis-je t'aider?
- Je sais que je ne suis pas là depuis longtemps, mais il me faudrait une avance sur mon salaire de ce mois-ci.
Georges se redresse sur son fauteuil et place les deux coudes sur le bureau en croisant ses doigts. C'est tout à fait le genre d'attitude qui vous pousse à vous interroger si vous avez bien fait de poser la question.
- Ma chère, pourquoi es-tu gênée de me demander ça? s'enquiert-il, conciliant. Tu sais que je suis au courant de ta situation. Pour être honnête, je m'attendais à te voir plus tôt.
Je suis surprise par sa réflexion. Comment aurais-je pu oser en faire la demande, alors que je travaille ici depuis moins d'une semaine? Et puis, il est le seul à connaître ma situation, et je ne voulais surtout pas avoir l'air d'abuser.
- J'avais anticipé cela, à vrai dire, reprend-il. Voici la moitié du salaire de ce mois-ci. Les garçons semblent bien se faire à ta présence. Surtout Stan...Enfin, là n'est pas mon problème.
Sur ces paroles qui me désorientent encore plus, je saisis l'enveloppe qu'il me tend. Une vague de soulagement s'empare de moi. Je vais pouvoir payer mon loyer, rembourser une partie de mon prêt, et peut-être qu'il me restera de quoi manger un peu plus correctement pour le mois entier. Un poids vient réellement de s'enlever de mes épaules. Je suis devenue légère. Un sourire s'étire sur mes lèvres. Le soulagement m'envahit et c'est une bouffée de gratitude qui me submerge. (p.139-140)
Nous ne trahirons pas le poème de Rodney Saint-Eloi
Malgré ses multiples activités académiques, éditoriales, sociales, "Compagnon des Arts et des Lettres du Québec"...Rodney Saint-Eloi, fils de Cavaillon (Sud d'Haïti) vivant au Canada, ne trahira ni le poème ni cette terre d'Ayiti qui l'a porté et qu'il porte partout où il pose ses pieds.
" parler à nos fissures
sur le ton familier de nos deuils
comme on attend le dernier train
comme on tète nos plaies à la cuisine
ambiance monochrome des soupers
en psalmodie le cantique de david
pour donner aux entailles un cahier de charge
on trouvera les mots et les dieux
pour pardonner à nos déroutes
on écrira un aide-mémoire à nos renoncements
on frappera à toutes les portes
on attendra à la gare
la beauté extravagante
qui élira nos obsessions."
Rodney Saint-Eloi.
Morceau choisi: L'aube des chants d'initiés d' Audrey Kibamba
Nzoumba
Comme dans le songe d'un élu
Une silhouette m'est apparue au crépuscule des ténèbres et se tint debout
Sa voix une légion des totems
Et son corps la résurrection des astres dans le séjour de repos
Ses pas rament la colère du fleuve
Ses larmes guérissent les nations
De très loin , sa gloire souffle l'ère nouvelle
Dès l'aube , son image indécise parue dans les mystères du tam-tam d'Afrique
Pour célébrer
L'aube des chants d'initiés Nzoumba!
Déesse Mikwissis qui élève la poussière au rang des hommes.
Morceau choisi de: "La vie des hommes" de Bedel Baouna
"Dodo, seul
Franco par-ci, Franco par-là ! Ses chansons vont finir par faire se révolter ma femme, jusque-là crédule et soumise. Qui sait, d’ailleurs, si elle n’est pas déjà en pleine révolte ? Qui sait ?...Non seulement Franco était un grand macho, mais il était aussi un révolutionnaire secret. Ah ! Révolutionnaire ? Peut-être pas ! « Anarchiste » conviendrait bien à cet homme qui continue de causer du souci, du désordre, de la zizanie et de l’anarchie dans les couples ! J’ai peur que ma femme me traite de « Locataire » ou de « Mario » , des morceaux de Franco Luambo-Makiadi, très caustiques. Aucun homme n’aimerait être à la place de ce Locataire ou de ce Mario, c’est-à-dire dépendre de ma femme, c’est la pire des critiques que l’on puisse me faire ; c’est comme recevoir une flèche dans la poitrine. C’est bien que ce Franco soit passé par la case prison. Dans ses chansons « Hélène » et « Jackie », il attaque un ministre. Or un ministre est un grand, un dieu ; un ministre c’est quelqu’un qui peut avoir jusqu’à 15 bureaux. Mon ami le ministre Lambert Monoko Makassi ne dit pas le contraire. Mais la main sur le cœur, Franco avait juré que les deux chansons incriminées étaient dépourvues de double sens. Quel menteur ce monsieur !
La lumière soudainement baisse d’intensité. Apparaît dans un coin faiblement éclairé un homme en boubou tenant une guitare. Au fur et à mesure que monte à nouveau la lumière, on distingue une silhouette qui s’apparente à celle de Franco."
Morceaux choisis de Les Bûcheronnes de Abel Koumou Gousseine
La Bûcheronne !
Ses mains sont dures comme sont durs les efforts qu'elle fournit pendant les travaux champêtres
Sa démarche est lourde et pénible comme sont pénibles et lourdes ces choses qu'elle porte incessamment dans sa hotte
Son corps est maigre comme sont maigres ses revenus et ses repas au quotidien...
Sa vie est un fardeau comme le fagot de bois qu'elle porte impérativement sur la tête pour nourrir des bouches qui attendent au purgatoire...
C'est une femme "silenciée'' par les impératifs de la vie
C'est pourtant une bûcheronne qui peut tout oublier comme toute bonne mère oublie ses douleurs d'accouchement.
Monsieur et Madame Dubois
Le bûcheron d'Oyoa
C'est Monsieur Dubois
Qui coupe du bois
Pour fabriquer des croix
A la dimension de ses bras
Et de ses pieds étroits
Le bûcheron d'Oyoa
C'est Monsieur Ibwa
Qui taille dans le tronc
De l'okoumé et du limba
Des variétés insoupçonnables d'objets
Utiles au sculpteur
Sensoriels au danseur
Essentiels au piroguier
La bûcheronne d'Iyélwa
C'est Madame Dubois
Qui amasse du bois perdu
Dans la prairie voisine
Pour en faire des fagots ardus
La bûcheronne d'Iyélwa
C'est Madame Ibwa
Bûcheron comme elle
Coupeur de bois de chauffe
Prêt à fabriquer des foyers à trois pieds
Qui supporteront ces marmites
Qui nourriront des bouches affamées.