Morceaux choisis de Coeur Tellurique de Lopito Feijòo
Introduisant le recueil de poèmes de Lopito, traduits pour la première fois en Français, le
poète Gabriel Mwènè Okoundji, précise que : « Le chant de Lopito Feijòo est celui …qui résonne gravement sur les territoires de l’Angola, s’indigne, interpelle, pointe du doigt l’évidence que l’œil peine à voir, témoigne avec vigueur et élan du mystère de la faune et de la flore que délivre la forêt touffue du Bassin du Congo, invoque à voix nue les bruissements qui détournent le murmure de l’homme, charrie les étoiles « à - soif des fleuves africains » sur les cours du Niger, du Congo, du Kwanza, du Zambèze…. Il s’agit avant tout ici d’initier le lecteur à entendre battre autrement le pouls de l’identité nègre. »
Lisez et savourez !
« JE TEMOIGNE
Je témoigne pour tous les carrefours morts inégaux de leur faute. De leur seule et unique faute. Je viens. Je fais de mes propres chairs les épées de nos ancêtres pour l’heure en un lieu au nord-ouest de Kush sur les rives du noble Nil partageant des ibundos d’ici. Je sais qu’ils arriveront par la route d’Upemba accompagnés par quelque coq, - qui avait été pour cause de destin, victime de la faim à l’époque de la première de toutes les sécheresses dont nous avons été gratifiés.
Viens mon frère fils d’Afrique de nos nations. Porte dans ton ossature la force géante de la racine transcendante. Que ta main soit la mienne. Que ces mains nôtres soient nos mains les seules détentrices de synchronies serties aux mosaïques de l’Histoire Universelle.
Sers-toi du cadre de l’occulte sans préjugés. Présente-toi à l’être le plus cultivé. Elimine les dieux diurnes dans le sein de leur Etre. Les prophètes connus de l’abus du pouvoir qui règne par ici. Pour qu’ils ne t’interdisent point de faire de la chair à l’aide des chairs de tes voisines. Pour que règne la poésie de leur poésie. Produit d’esprits élevés, mémorables et bien dits. »
« RAISON MIXTE
Vide évasé comme dans un vase
sec comme dans un sac
vague j’avance solitaire sans nord
toujours de l’avant au vent de l’esprit
chauffé au sud sans sort
sans prochain ni rêves rien qu’esprit
rasé vide évasé vaste vol mixte
oraison voilà ma dimension. »
« SUR LA ROUTE DE BANGUI
Gît un cadavre aux yeux vivants sur la route de Bangui
il lévite esprit léger pour la cause des ancêtres
de la sépulture sa ère salue le tout-puissant
NSINGUI
KA-HALLA
Le Kilimandjaro est très près
bois mieux les eaux dans la zone des grands lacs
c’est si bien je vais ailleurs…
- BENIS-MOI KALUNGA NGOMBE
SUR LA ROUTE DE BANGUI !
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