Qui vient de loin (Ewur'osiga). Le Blog d'Alfoncine N. Bouya

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REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE : LA RUDE TACHE DE CATHERINE SAMBA PANZA

La République Centrafricaine (RCA) se trouve aujourd’hui au fond d’un gouffre dont elle aura du mal à s’en sortir. Car, lorsque le sang coule à flot, il creuse dans le cœur des victimes, des sillons tellement profonds que tous les discours, tous les textes de loi, toutes les bonnes intentions auront beaucoup de mal à refermer. Ces propos peuvent paraître pessimistes, mais il suffit, aux Centrafricains, de jeter un coup d’œil sur les deux Congo voisins pour s’en convaincre.

Un mois après la prestation de serment de Catherine Samba Panza, première femme Présidente  en Afrique Centrale à accéder au rang de présidente de la République, la situation en RCA ne semble pas s’améliorer malgré la présence des forces françaises Sangaris et des troupes de la MISCA (Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique).

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Catherine Samba Panza, Présidente de la République Centrafricaine

Madame la Présidente de transition comme aiment à le préciser certains de nos frères centrafricains (mais peu importe car transition ou pas, elle est bel et bien Présidente de ce pays !) avait déclaré que « chacun devra répondre des actes qu’il a posés ». La question qui se pose est de savoir comment elle va s’y prendre vu l’aggravation de la situation humanitaire dans le pays ? En effet, on compte aujourd’hui environ 1 million de personnes déplacées sur une population totale de 4,6 millions d’habitants et, les pillages, les lynchages, les harcèlements, autant d’exactions y compris contre les agents de la MISCA ne sont pas près de s’arrêter.

Les chefs religieux qui essayent aujourd’hui d’appeler au calme ont raté le coche car les appels au calme ne doivent pas attendre que la situation soit complètement désastreuse pour être lancés. C’est dès le début des massacres que les chefs religieux auraient dû déjà user de leur influence réelle (car ils en ont) pour calmer les esprits survoltés! Plutôt que de lancer des appels dans le vide alors que des centaines de Centrafricains ont déjà perdu leur vie, les chefs religieux devraient maintenant, si ce n’est déjà fait, faire bloc autour de Catherine Samba Panza ou, Catherine Samba Panza devrait s’entourer des chefs religieux (qu’il ne faut jamais négliger dans pareilles situations) pour soutenir ses actions en direction de la stabilisation de la situation dans son pays car, lorsque les humanitaires qui viennent au secours des populations victimes commencent à être attaqués comme cela a été le cas le 19 février dernier à la sortie de l’aéroport de Bangui et à 50 kilomètres de cette ville martyre, il faut craindre un enlisement qui n’épargnera les dirigeants en place, surtout dans une transition.

Force est de garder à l’esprit que le cycle infernal des massacres et autres tueries a commencé avec les combattants de la Séléka suite à la prise du pouvoir par Djotodia en mars 2013, le même Djotodia qui se la coule douce au Bénin alors que son peuple est en train de s’entre- massacrer en RCA.  Il en est de lui comme de Bozizé. Ces deux-là devraient être pourchassés pour répondre de leurs crimes où qu’ils se trouvent.  Madame Samba Panza devrait profiter du soutien dont elle bénéficie en ce moment de la part des observateurs internationaux Africains et non- Africains  et, utiliser ses relations politiques et diplomatiques actuelles pour exiger que Bozizé et Djotodia ne restent pas impunis. Car, il ne serait pas faux de penser que ces deux-là, où qu’ils soient, continuent de manipuler leurs adeptes restés dans le pays.  Tant qu’ils bénéficieront de la protection déclarée ou non de ceux qui leur accordent l’exil, le pouvoir de Catherine Samba Panza reposera sur un nid de vipères.

Il est donc impératif, que Madame la Présidente  regarde aussi du côté de ces deux-là, et qu’elle demande des appuis pour qu’ils soient mis à la disposition de la justice internationale car, ils sont les premiers responsables de la situation qui prévaut en RCA.

Il est certes positif de faire montre d’un certain optimisme mais il est aussi important que la Présidente ne se voile pas la face en tombant dans une certaine auto-satisfaction comme cela transpire dans l’interview qu’elle a accordée au Journal de Bangui le 25 février. Il y a, certes, un gouvernement en place comme elle le dit, mais de là à déclarer que « des institutions commencent à fonctionner » dans un pays en plein chaos, c’est faire preuve d’un optimisme et d’une auto-satisfaction plutôt aveuglants. Dans des situations de catastrophe, il faut savoir et oser poser un diagnostic clair et sans complaisance pour pouvoir trouver des solutions durables. La RCA le mérite.

Nyélénga.



26/02/2014
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