Paru dans Le National: Haïti, terre d’inspiration ?
Alphonsine Bouya pour l’état civil, Alfoncine Nyélenga Bouya de son nom de plume, est née à Brazzaville (République du Congo). Elle est de nationalité belge et haïtienne de cœur. Elle a vécu quatre ans et demi en Haïti dans le cadre de sa vie professionnelle et depuis son départ à la retraite, elle vit à Bruxelles en Belgique. Son dernier roman, Le rendez- vous de Monbin-Crochu, est d’après sa maison d’édition « une invitation inattendue et surprenante à se rendre au lieu-dit Monben Kwochi (Mombin-Crochu) pousse la narratrice et ses deux amies Timie et Sòmathe sur les routes d’Haïti, pays où les tremblements de terre vont de pair avec les tremblements de ciel, et où les loas (esprits du Vodou) se disputent la cosmogonie avec les saints chrétiens. Le voyage physique vers ce lieu-dit débouche sur un rassemblement de femmes venues d’horizons divers pour libérer la parole qui les étouffe, chacune avec une histoire de violences subies dans sa chair et dans son esprit, où se côtoient la cruauté, l’horreur, la mort. » Interview.
Le National : Pouvez-vous, en quelques mots, vous présenter ?
Alfoncine Nyélénga Bouya: Mes nom et prénoms, vous les connaissez ! Je suis venue au monde à Brazzaville (Congo), j’ai traversé les espaces, j’y ai laissé une partie de moi à chaque traversée. J’ai retrouvé mon âme en Haïti où j’ai reconstitué mon être.
Le National : Pourquoi avoir choisi Mombin-Crochu (Monben Kwochi), petite commune d’Haïti située dans le département du Nord- Est, comme lieu où se passe l’essentiel de l’intrigue de votre roman ?
ANB : Vous ne me croirez peut-être pas ! J’étais dans mon appartement à Port-au-Prince, assise sur ma dodine (chaise à bascule). Un peu éméchée par le rhum que je venais de boire. Je m’étais assoupie. Alors j’ai entendu une voix dans ma tête : « Pourquoi ne vas-tu pas à Monben- Kwochi ». Je venais sans doute de faire un rêve et cette phrase de Gary Victor entendue lors d’un atelier d’écriture me revint : « il ne faut jamais oublier ses rêves. » Je ne sais pas s’il s’en souviendra ; mais je l’ai retenue et depuis je note tous mes rêves dans un carnet. Là réside le choix de Mombin-Crochu où je n’ai jamais mis les pieds. Mais ça viendra sans doute un jour !
Le National : Pouvez-vous nous exposer la trame principale de votre livre ?
ANB : Mon roman tourne autour de deux points centraux : les violences que subissent les femmes partout dans le monde, violences dont j’ai été moi-même à maintes fois victime ; et la parole qui libère. Comme les femmes du roman, nous vivons chaque jour dans la violence, peu la dénonce. J’ai voulu donner l’opportunité à des femmes détruites, brisées par toutes formes de violences pour qu’elles puissent se refaire, se reconstruire, se libérer des traumatismes et revivre...
Le National : Quels sont les messages que vous souhaitez faire passer à vos lecteurs ?
ANB : À mes lecteurs, je dis simplement quelles que soient les épreuves que nous traversons, les épreuves qui barrent notre chemin, l’espoir d’une nouvelle vie est possible, la vie est là en nous. Elle s’inscrit dans la durée et pas seulement dans le temps. C’est par l’initiation qui nous insère dans la chaîne d’union de ceux qui nous ont précédés sur cette terre et de ceux qui nous succèderont que nous pouvons trouver la force d’avancer jusqu’au jour où le Maître des destinées nous rappelle pour refaire, en sens inverse, le voyage qui nous ramène dans la plénitude de notre véritable être.
Le National : Où peut-on se procurer votre ouvrage ?
ANB: Pour le moment on peut se le procurer sur le site de mon éditeur : www.lelysbleu.com. Mais, très bientôt, il sera disponible sur les autres plateformes telles que la FNAC, Amazon et aussi dans certaines librairies partenaires de ma maison d’édition.
Le National: À quand le retour en Haïti ?
ANB : Probablement, au cours de cette année pour y présenter mes deux ouvrages (Makandal dans mon sang et Le rendez-vous de Mombin- Crochu ) qui, tous les deux s’ancrent dans ce pays que je considère comme ma seconde Patrie.
Propos recueillis par David BONGARD
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