Qui vient de loin (Ewur'osiga). Le Blog d'Alfoncine N. Bouya

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Caprice de Gran Moun, Caprice d'enfant: instant de bonheur

21/02/13 (date à laquelle ce message fut envoyé depuis Ndj.)

Bonjour à T… (ceci m’évite de distinguer les h et les f)

Nous avons tous tort de penser que les enfants sont capricieux et seraient les seuls capricieux dans nos sociétés. Cependant, les caprices d’un enfant sont parfois, pour ne pas dire souvent INNOCENTS. Il y a pire qu’un enfant : ce sont les Vieux ou les Vieilles comme cela se dit affectueusement ici ou si vous le préférez les Seniors comme cela se dit hypocritement dans les sociétés développées. Pour vous dire la vérité, je préfère de loin qu’on me donne du « La Vieille » à longueur de journée comme savaient si bien le faire M. S. des Gonaïves et L. H. de Port-au-Prince (ce qui avait scandalisé Nel. au départ, elle croyait qu’ils se moquaient de moi !!!). Donc je disais que je préfère qu’on m’appelle affectueusement La Vieille que de me voir qualifier hypocritement de Senior.  Ca s’est pour la génération des parents que vous êtes. Pour les enfants c’est autre chose. Et là franchement j’ai une pensée affectio-mélancolique en pensant à mes deux lascars de petits fils Tapha et Micha, les fils de MJM qui eux de prime abord m’ont donné du Mémé Al, l’un avec sa voix enrouée de chanteur de jazz et l’autre avec sa voix fluette de solo kompa; bref il fallait entendre le concerto en mi mineur que ces deux là donnaient à leur mère : « je veux parler avec Mémé Al ». Et toujours en retrait, il y avait Ar la rebelle fillette de Ketoucha, qui, au début s’était hasardé à maintenir le « Al » et qui peu à peu a été rattrapée par la grippe contagieuse du Mémé Al. Jésus n’avait-il pas dit : Laissez venir à moi les petits enfants ? En tout cas, les enfants ce sont mes meilleurs amis. C’est pour cela que de temps en temps j’aime les imiter. Et donc….

Le vendredi d’avant mon départ pour ici, j’ai voulu faire comme le ferait un enfant capricieux. Je pense que je faisais une petite crise de déficit affecto-mélancolique (rien à voir avec une crise d’allergie). Alors je suis allée à la cafétéria de Logbase et, prenant mon accent le plus capricieux (comprenez le plus enfantin) avec ma voix la plus innocente (comprenez la plus capricieuse) j’ai dit de façon solennelle : «  sa ki renmen mwen ka vini wè m nan biwo pam ». Puis je suis repartie dans mon préfab. Vous savez quoi ? Dans la seconde qui suivait, nos quatre collègues (Gla, Mod, Car, Mo) de la cafèt se bousculaient à la porte de mon prefab : « mwen la wi, men mwen wi… ». N’y a-t-il pas là de quoi être une femme heureuse ? De quoi se sentir comblée par tant d’amour ! Mon petit caprice de Gran Moun me faisait découvrir combien, nos collègues de la cafèt, toujours discrètes et dévouées, elles m’aiment. Avouez qu’elles auraient pu se dire aussi « oh la Gran Moun, elle nous fatigue ! » ou autre chose de plus gentil si vous voulez. Non, mais là, il y a eu cet élan du cœur, cet élan spontané de cœur à cœur ! Comme quoi il suffit parfois d’un simple mot pour illuminer une journée qui s’annonçait sombre. Vous qui lisez ce message, si vous passez par ou devant la caféteria aujourd’hui, arrêtez-vous un instant et dites à mes quatres princesses que « mwen menm tou m renmen yo anpil ». Leçon apprise : soyez comme les petits enfants (capricieux de temps en temps) et vous récolterez de grands moments de bonheur!

Bien à vous.



30/11/2013
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