Qui vient de loin (Ewur'osiga). Le Blog d'Alfoncine N. Bouya

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« Un nègre à Paris » : Journal d’un voyageur désillusionné ! Note par Nkul Beti

«  Un nègre à Paris »de l’écrivain ivoirien Bernard Dadié est la première œuvre d’une trilogie que complète «  Patron de New-York »et «  La ville où nul ne meurt ». Ce roman a été publié en 1959 aux Editions Présence Africaine. Le lire autrement aujourd’hui est d’une importance capitale pour la survie de la « colonial library »dont les œuvres devraient être étudiées sur le terreau d’une approche comparative avec les œuvres contemporaines afin de proposer une approche nouvelle à l’esthétique de la littérature Africaine, mieux francophone.

« Je vais voir Paris, moi aussi, avec mes yeux ».S’exclame Tanhoe Bertin. Le petit Africain a bénéficié d’un billet d’avion aller-retour pour Paris. Ce voyage est l’aboutissement d’un projet hardi longtemps caressé. En effet, il a toujours rêvé de toucher du doigt les réalités parisiennes, dont il avait jusque-là une connaissance essentiellement livresque. C’est donc après avoir caressé «…les murs, les arbres, croiser les hommes »de Paris, qu’il adresse une si longue lettre à son ami resté en Afrique. Dans ladite si longue lettre, il met en balance les réalités parisiennes et africaines sans toutefois les opposer.

                     L’auteur de « Climbié »met en exergue la dialectique de « l’ici »et de « l’ailleurs »comme Fatou Diome. Il confronte le rêve et la réalité dans cette monodie épistolaire. En effet, Dadié démonte le complexe d’infériorité qui incite le « …Nègre… »  à calomnier son environnement et à béatifier l’Europe, dont il n’a parfois qu’une connaissance par ouï-dire. Voire, superficielle. Autrement dit, l’écrivain ivoirien chante l’ancrage chez soi et n’applaudit guère l’errance chez l’autre qui engendre pour la plupart des cas l’acculturation.

                     A travers son écriture parsemée du comique du rire illustré par la drôlerie et l’ironie, Dadié démêle la toile du mythe de l’Europe : Un paradis terrestre. Aussi, ôte-t-il le voile qui cache les réalités européennes aux Africains.  En espérant que ceux-ci prendront conscience, qu’ils n’ont pas besoin de migrer pour se réaliser matériellement et spirituellement, étant donné que les réalités d’« ailleurs »et celles d’« ici »sont plus ou moins similaires.

                     De plus en plus, les populations africaines migrent vers l’occident. Ce mouvement est causé soit par l’instabilité sécuritaire dont souffrent plusieurs pays Africains, soit parce que plusieurs migrants continuent à croire que l’occident est un eldorado. Hélas !

                     En fin de compte, «  Un Nègre à Paris » laisse entendre que le voyage ne devrait plus être l’équivalent de la fuite pour l’Africain. Mais, plutôt un moyen pour lui de se découvrir en découvrant l’autre. Car, selon Dolisane-Ebossè, «… la fuite, pour l’Africain, mène à une impasse… » : La crise identitaire !

 

                                                                                                                      Nkul Beti !

                                                                                                          (noahatango@yahoo.ca)

 

 



29/05/2018
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