Qui vient de loin (Ewur'osiga). Le Blog d'Alfoncine N. Bouya

En ces temps de troublantes incertitudes, nombreux sont ceux qui répètent gaillardement : « On n’a pas peur !»

D’autres plus timides, murmurent : « On n’a pas peur ! » Alors qu’ils s’efforcent seulement de maîtriser tant bien que mal, la peur qui tenaille tout leur être.

D’autres encore, se terrent chez eux, n’osant pas pointer le nez dehors, se répétant sans cesse à eux-mêmes : « Oh j’ai peur ! J’ai vraiment peur ! »

Une chose est certaine, c’est que tout le monde a peur quelque part, pour quelqu'un, pour quelque chose, peur du danger qui rôde, invisible, qui nous guette, qui nous menace chaque jour, à chaque instant.

« Nou pa pè ! Nou pa pè ! Nou pa pè a yenn ! », scandent souvent les manifestants à Port-au-Prince pour braver les forces de l’ordre qui, eux aussi, pris de peur panique, cognent sur tout ce qui bouge.

« On n’a pas peur ! », hurlent les manifestants congolais ou burundais face aux hommes armés qui, habités par la peur tirent dans la foule.

Comme si avoir peur était honteux !

Quant à moi, oui j’ai peur !

J’ai peur pour moi, j’ai peur pour mes enfants, j’ai peur pour mes petits-enfants, j’ai peur pour mes amis (es). J’ai peur pour ces braves personnes qui veillent sur nous, ces policiers et policières qui, arment au poing arpentent les rues, sont stationnés devant les points sensibles des villes pour nous protéger. Pour leur famille, leur père et leur mère, car même formés à ne pas avoir peur, à affronter tous les dangers, ils n’en sont pas moins des enfants, comme les miens, dont les parents, les compagnons, les enfants tremblent de peur de les savoir dehors pour notre protection.

J’ai peur de ce monde, j’ai peur pour ce monde qui ne cesse d’aller à la dérive !

J’ai peur car la peur est une émotion humaine. Et, je suis un être humain.

Nyélénga.